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Accouchements : L’apport de l’utilisation du numérique dans l’amélioration de la qualité de soins.

Cas du CH LUYINDU à Kinshasa en RD Congo après une étude rétrospective de 250 accouchements réalisés après 4 mois d’informatisation de certaines activités avec Datasanté.


 
Introduction et  contexte :

La RDC pays de l’Afrique sub-saharienne a une population d’environ 100 millions d’habitants, où chaque femme a  un indice de fécondité de  6,6 enfants.  Le pays a un ratio de MM de 846 pour 100 000 naissances vivantes (EDS II), l’un de plus élevés du monde. Il a été démontré que   l’usage de bonnes pratiques obstétricales entre autre l’utilisation  correcte du partogramme et le bon suivi des CPN constituent des facteurs pouvant influencer la réduction de cette mortalité.

 La RDC a   un système de santé organisé mais moins efficace faute de moyens financiers adéquats ce qui fait que le   système national d’information sanitaire est  non informatisé à  la base.  Tout le travail de collecte, d’analyse et d’élaboration des rapports mensuels se fait avec les registres et à la main ;

Ce qui par conséquent entraine une difficulté de faire des études visant à tirer des leçons en vue d’améliorer la qualité de soins du fait de la mauvaise  conservation des registres et autres documents utilisés dans l’administration des soins.

 
Objectif :

L’objectif de notre étude est d’évaluer l’activité accouchement en rapport avec les données recueillies suite à l’enregistrement de tous les accouchements réalisées dans la structure médicale dans le logiciel datasanté  en vue d’en tirer les leçons pour améliorer la qualité de soins.

 
Méthode :

Il s’agit d’une étude rétrospective de 4 mois d’utilisation du logiciel mis en place par l’ONG Datasante dans le Centre Hospitalier LUYINDU se trouvant dans la banlieue de Kinshasa.

Avec une équipe de 3personnes, le médecin a saisi chaque jour les activités réalisées dans la structure dont les accouchements, étant donné que la structure a une maternité  dont la moyenne des accouchements varie entre 70 à 100 accouchements le mois. Pendant l’enregistrement des données des accouchements, il était  aussi question de vérifier  si le partogramme était complétement et correctement rempli selon les instructions du ministère de la santé.

 
Résultats :

Sur 250 dossiers d’accouchements examinés :

  • Concernant les parturientes : l’âge moyen des femmes ayant accouché pendant cette période est de 29,5 ans, avec les extrêmes de 16ans pour celle qui était la moins âgée et 52ans pour la plus âgée. 6 femmes étaient âgées de moins de 19ans soit 2,4% et 57 femmes étaient âgées de plus de 35 ans soit 22,8%.
     
  • 99 femmes soit 39,6%  ont au moins 6 enfants.
     
  • Concernant les accouchements : 24 femmes ont accouché par césarienne soit 9,6%.  pendant cette période on a eu 55 dystocies soit 22% et 195 eutocies soit 78%. Le poids moyen des naissances était de 3,025Kg avec des extrêmes de 1,100Kg pour le poids le plus faible et 5,200Kg pour le plus élevé. 20 enfants sont nés avec un faible poids et on a eu 5 naissances  de plus de 4kg.
     
  • En outre, 8 enfants étaient mort-nés, on a eu 8 parturientes ayant fait une éclampsie et 5 ont fait une hémorragie du post partum.
     
  • En dehors des femmes ayant accouché par césarienne,  47 femmes sur 226 soit 20,79% n’ont pas bénéficié de la GATPA (Gestion active de la 3ème phase de l’accouchement).
     
  • Il  n y a pas eu de décès maternel pendant cette période.
     
  • Sur les 250 dossiers examinés, il n y a eu que  100 dossiers avaient des partogrammes  qui étaient complètement remplis soit 40% et 75 dossiers avaient des partogrammes  correctement remplis ce qui fait un pourcentage de 30%.

 
Discussion : 

Parmi les facteurs contribuant à la mortalité maternelle nous avons ce qu’on appelle les 4 trop et 3 retards. Dans les 4 trop nous avons : les grossesses trop précoces (moins de 19ans), trop rapprochées (moins de 2 ans), trop nombreuses (6enfants ou plus) et trop tardives (à 35 ans et plus).

Dans nos résultats nous avons trouvés qu’il y a près de 25% de nos accouchées ont eu 35ans et plus mais aussi près de 40% parmi elles ont au moins 6 enfants. Cette situation nous a interpellé  et a conduit de proposer à  mener des actions concrètes en vue de ne pas assister à l’augmentation des cas de décès  maternel dans la structure médicale.

Moins de 10% des femmes ont accouché par  césarienne, ce qui est conforme aux normes nationales.

En vue de réduire le risque d’hémorragie du post partum qui  est l’une des causes directes principales de la mortalité maternelle, il est demandé que chaque accouchée puisse bénéficier de la GATPA.

Dans notre étude, il   y a près de 21% des accouchées qui  n’ont pas bénéficiés de cette prévention, ce qui fait que nos sages-femmes  exposent   les parturientes au risque de faire une hémorragie du post-partum.

L’insuffisance de connaissances et la négligence dans le travail sont les facteurs qui ont été cités de la non application de cette technique.

Le partogramme étant l’outil essentiel de la surveillance du travail, le fait de le remplir complètement et correctement signifie dans une certaine mesure que le travail a été bien surveillé. Dans notre étude, nous avons constaté que moins de 50% des partogrammes examinés ont rempli ces exigences. Ceci une fois de plus pose un problème de la qualité de ces accouchements et montre le risque encouru par ces femmes de mourir pendant les accouchements.

Tous ces constats nous ont amené à proposer des actions correctrices ci après :

Organiser des sessions de formation continue de nos sages-femmes sur les soins obstétricaux d’urgences.

D’organiser les séances pratiques d’utilisation et du remplissage du partogramme.

Renforcer la sensibilisation lors des CPN sur la planification familiale et mettre à la disposition des femmes en âge de procréer tous les moyens de planifier leurs naissances.

Faire la supervision permanente des accouchées en vue de consolider la formation qui va être administrée.

Conclusion :

L’exploitation des données recueillies grâce à la mise en place du logiciel Datasante nous a permis de relever certaines faiblesses qui mettent en danger la vie des accouchées. Les mesures correctrices proposées vont probablement aider à améliorer cette situation.

 

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