DataSanté RD du Congo

Dr Adolphe BIAKABUSWA MATONDO, MD. MPH(IPS)
Directeur du Département des œuvres médicales
de la 23ème Communauté Évangélique du Congo
Médecin Directeur du CH LUYINDU.
Tél : +243 998291073; +243 814589183; +243895135574
Skype: AdolpheBiakabuswa

 

Q : Nous sommes en République Démocratique du Congo, RDC dans sa partie Ouest près de LUOZI. Docteur Adolphe BIAKABUSWA MATONDO parlez nous de vos projets.

Dr Adolphe BIAKABUSWA : Je suis le Chef du DOM de la CEC23 (Département des Œuvres Médicales de la Communauté évangélique du Congo, église protestante d’origine suédoise) et en même temps médecin chef d’un Centre de Santé de Référence dans la capitale Kinshasa. Outre notre travail de soignant, nous nous préoccupons du circuit de l’information dans nos structures, du poste de santé de brousse infirmier à l’hôpital de référence dans la province du Kongo central. Et la révolution numérique ouvre de nouveaux chemins pour cette information médicale.

 
Q : Vous êtes présents tout particulièrement dans la province du Kongo Central, mais dites nous en plus sur le contexte dans ce pays en crise.

Dr Adolphe BIAKABUSWA : La RDC, pays d’Afrique subsaharienne, avec près de 100 millions d’habitants et seulement 1 médecin toutes spécialités confondues pour 10 000 habitants - en Europe vous êtes 32/10000 - est découpée en 519 zones sanitaires (ZS). Actuellement les médecins et agents de santé des ZS remplissent chaque mois et à la main les « canevas » des données de santé, fascicules de 17 pages comprenant 467 indicateurs de soins, destinés au Système d’Information Sanitaire (SIS). Cela fait énormément de travail pour les professionnels de santé.

 
Q : En fin d’année 2017, accompagné d’experts de l’ONG SANTESUD-DATASANTE vous avez conduit une étude sur le terrain.

Dr Adolphe BIAKABUSWA :  En effet, l’objectif de l’étude était d’évaluer les possibilités concrètes de dématérialisation des dossiers médicaux dans 5 Zones Sanitaires du Kongo central, soit 250 000 habitants, zones sanitaires confiées en délégation de service public au Département des Œuvres Médicales (DOM) de la 23 ème Communauté Evangélique (CEC). Était il possible d’alléger les tâches administratives des soignants par le recueil et la transmission automatique des indicateurs nécessaires au SIS ?

 
Q Comment avez-vous procédé ?

Dr Adolphe BIAKABUSWA : L’étude, conduite avec deux experts français du 17 septembre au 2 octobre 2017 a reposé sur l’analyse du SIS de la RDC et de la situation réelle des postes et centres de santé de la zone concernée avec un double recueil d’information. Recueil institutionnel dans une suite de rencontres des autorités médicales et administratives relevant de la région, de la province et de l’état. Recueil sur le terrain auprès des soignants, concernant notamment l’accessibilité géographique, la qualification des agents de santé, le volume d’activités par structure, l’état d’alimentation électrique, et la situation au regard du réseau téléphonique ou internet 3G.

 
Q : Qu’avez-vous pu retenir de cette mission sur le terrain, après beaucoup de kilomètres de pistes voire de chemins pour aller au plus près du poste de santé de base.

Dr Adolphe BIAKABUSWA : Les autorités déclarent observer une faible complétude, promptitude et correctitude des données collectées. C’est dès lors une des priorités du SIS du pays de corriger cela afin que 100% des soignants transmettent leur rapport complets dans les délais. Objectif louable, mais sur le terrain on observe des infirmiers des postes de santé qui font 4h de marche à pied pour aller déposer chaque mois leur rapport. De même nous avons observé dans les centres que lors des soins, vaccination par exemple, les agents consacrent 70% de leur temps au remplissage du rapport et 30% seulement à l’activité soignante proprement dite.

 
Q : Dématérialiser le SIS dès la base suppose des moyens. Qu’en est-il des infrastructures existantes?

Dr Adolphe BIAKABUSWA : Il n’existe aucune informatisation du SIS à la base même dans les hôpitaux visités. Partout les soignants travaillent avec des registres papier qu’il faut compiler chaque mois sur d’autres supports encore papier, c’est le fameux « canevas » que les centres doivent d’ailleurs acheter aux services régionaux. Si 90% des structures sont effectivement connectées au réseau téléphonique, seulement 30% ont une source d’énergie électrique, le plus souvent photovoltaïque.

 
Q : Au final quelles sont vos conclusions après cette mission sur le terrain ?

Dr Adolphe BIAKABUSWA : Le problème de la promptitude et complétude est retrouvé dans tous les postes des zones sanitaires concernées par l’étude. L’inflation administrative, le manque de temps et l’absence d’informatisation de la collecte des données pourrait expliquer ce problème.
De mon point de vu, partagé par les experts de SANTESUD-DATASANTE les éléments favorables à l’implantation d’un Dossier Médical Partagé (DMP) électronique sur les aires relevant du DOM au Kongo central (motivation des soignants, connexion au réseau téléphonique, volume important d’activités) l’emportent sur les éléments défavorables (Faible connectivité et faible ressource d’énergie). Pour autant la complétude des informations, la promptitude des rapports, le temps libéré des soignants l’emportent et justifient une expérience pilote sur la zone concernée, véritable prototype de débogage des projets d’informatisation du SIS de santé de la RDC construit sur un dossier médical partagé informatisé pour chaque patient
 

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